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Série de vidéos: Résilience des militants à l’œuvre

Série de vidéos: Résilience des militants à l’œuvre

Nous sommes heureux de publier cet ensemble de petits reportages vidéo réalisés par des militants de la base du monde entier. Cinq militamts ont été sélectionné(e)s et soutenu(e)s pour créer des vidéos sur la situation à laquelle ils ou elles doivent faire face dans leur région, sur leurs sources d’inspiration et les idéaux qui les poussent à faire leur travail courageux, sur les risques et les stigmates auxquels ils doivent constamment faire face et sur les défis qu’ils rencontrent lorsqu’il s’agit d’accéder à des financements en vue de servir leurs communautés et d’assurer leur propre bien-être.

Les histoires de ces militant(e)s représentent et renforcent les voix et les visions des militant(e)s de la base à leur façon. Elles sont authentiques et créatives et donnent un aperçu de la vie des militant(e)s et de la situation fragile dans laquelle ils ou elles se trouvent.

Les militant(e)s dont vous allez découvrir l’histoire souhaitent avant tout sensibiliser la communauté internationale des donateurs et alliés de la société civile au pouvoir, à l’influence et à la résilience des militant(e)s et groupes de la base. Les militants de la base sont à l’origine de changements décisifs et les effets bénéfiques de leur travail doivent être plus visibles et plus reconnus ! En même temps, ces militant(e)s souhaitent attirer l’attention sur les épreuves qu’ils ou elles traversent, sur la nécessité d’améliorer la quantité et la qualité des fonds qui leur sont destinés et de développer une solidarité et des partenariats authentiques, exempts de la dynamique transactionnelle, colonialiste, raciste, paralysante et déshumanisante qui domine le système d’aide actuel.

 

  1. L’art des tribus « criminelles »

Auteur : Keyur Bajrange, théâtre de Budhan (Inde)

 

« J’avais 18 ans. Vers minuit, j’ai entendu des bruits à l’extérieur de chez moi. La police battait des centaines d’innocents dans ma communauté, y compris des femmes et des enfants. Nous étions terrifiés. Je ne comprenais pas ce qui se passait. Mon père a essayé d’appeler quelqu’un. Vers 5h30, les bruits extérieurs ont cessé. Mon père et l’un de ses proches collaborateurs ont déposé plainte contre la police pour nous avoir battus, lynchés et maltraités alors que nous n’avions commis aucun crime. Notre seul « crime » était celui d’appartenir à la communauté Chhara qui, avec 198 autres communautés en Inde, était l’une des tribus considérée comme des « criminels nés » par le gouvernement britannique au titre de la loi sur les tribus criminelles (Criminal Tribes Act 1871) », se souvient Keyur Bajrange, producteur audiovisuel et membre du théâtre Budhan.

Cette loi a été abrogée en 1949 et les communautés ne sont plus répertoriées comme « criminelles », mais elles sont toujours stigmatisées par la société. Keyur a créé cette vidéo pour sensibiliser à cette stigmatisation et faire prendre conscience des retombées très positives du théâtre Budhan, une troupe de théâtre communautaire fondée par son père et d’autres membres de leur tribu. Les membres du théâtre Budhan se considèrent comme des « artistes nés » et utilisent le pouvoir du 6ème art pour s’attaquer aux récits toxiques qui discréditent les communautés dites « non répertoriées » dans tout le pays, et pour leur permettre d’élever leur voix avec assurance contre l’injustice et de revendiquer leurs droits humains et constitutionnels.

 

  1. À quoi ressemble la vie des militants au Nigeria ?

Auteure : Priye Diri, Dorothy Njemanze Foundation (Nigeria)

 

Au Nigeria, une femme sur trois est victime de violences sexuelles et sexistes avant l’âge de 18 ans.  Malgré cette sombre réalité, la réponse du gouvernement à cette crise est souvent insuffisante. Les défenseurs des droits humains soutiennent les victimes 24 heures sur 24, répondent aux appels d’urgence, aident les survivant(e)s et coordonnent les soins médicaux, les poursuites judiciaires, l’aide juridique et d’autres ressources. Leur travail est essentiel pour faire une différence dans la vie de ces victimes, mais à quel prix ?

Dans cette vidéo, Priye Diri, défenseure des droits humains et secouriste, dresse le portrait de cinq militant(e)s (dont elle-même) qui témoignent de leur travail. Leurs témoignages montrent que les premiers secours effectuent de nombreuses heures de travail non rémunérées, qu’ils sont discriminés et stigmatisés en raison de leur genre, de leur handicap ou de leur identité sociale et qu’ils manquent de financement et de soutien adéquats pour leur travail. Ils sont considérés comme des messies censés intervenir et sauver le monde, mais ne sont pas pour autant appréciés à leur juste valeur, reconnus ou soutenus.  Ils sont donc vulnérables et exposés à des traumatismes secondaires et souffrent de répercussions émotionnelles et psychologiques. Les organisations pour lesquelles ils sont engagés doivent souvent fermer temporairement, faute de financement.

Priye appelle les donateurs à accorder des financements susceptibles de couvrir les besoins en matière de bien-être des premiers secours et à reconnaître leur travail inestimable, tout en facilitant l’accès au financement pour les organisations de la base et les personnes en situation de handicap.

 

  1. Nous devons obtenir plus de financement

Auteur : Juan Donoso, Formando Rutas (Chili)

 

Faites connaissance avec Ranita del Loa, une grenouille attachante militante, qui se distingue par son courage et sa persévérance et s’efforce de protéger l’écosystème autour de la rivière Loa dans le désert d’Atacama au Chili des dangers de l’exploitation irresponsable des ressources minières. Ranita doit se battre non seulement contre les grands groupes miniers, mais aussi contre la dynamique du pouvoir et la censure du donateur qui leur a octroyé des fonds pour produire un documentaire.

Si vous êtes militant(e), cette situation peut vous paraître familière !

Cette animation a été réalisée par Formando Rutas, un projet éducatif géré localement sur l’exploitation du lithium dans le désert d’Atacama. L’idée de cette animation leur est venue grâce à leur propre vécu avec certaines institutions philanthropiques qui soutenaient financièrement leurs productions audiovisuelles. Il leur a été demandé à plusieurs reprises de supprimer ou de reformuler certaines phrases parce que le scénario était considéré comme trop radical ou parce que les donateurs préféraient ne pas être associés à des accusations directes contre de grandes multinationales. Certains donateurs leur ont également demandé de ne pas utiliser certaines expressions, telles que « racisme structurel », « oppressions fondées sur le genre », « extractivisme vert » ou même « décolonisation » (eh oui, ce n’est pas une plaisanterie !).

Formando Rutas tient à souligner que les militants de la base font souvent l’objet de censure, voire d’autocensure, pour établir des relations avec les bailleurs de fonds, ce qui leur fait perdre leur liberté artistique et bloque leur imagination. Ils nous invitent à nous demander si accepter des subventions dans de telles conditions relève du politiquement correct, d’une inclination devant le pouvoir établi, de la prudence, de la peur, de la lâcheté, du besoin d’argent ou de tous ces éléments à la fois ?

 

  1. Sensibiliser grâce à l’audiovisuel

Auteure : Dieula Jean Louis, Media Elle (Haïti)

 

Au cours de sa première année d’études au Ciné Institute en 2014, Dieula Jean Louis a constaté que les femmes n’étaient pas prises au sérieux dans le domaine de l’audiovisuel.  Lorsqu’elle a eu pour la première fois l’occasion de produire un court métrage audiovisuel pour un client, Dieula s’est rendue compte que même les réalisatrices préféraient les étudiants aux étudiantes pour la direction photo, le montage, la production, la réalisation et d’autres tâches. Lorsqu’elle était sur le point de recevoir son diplôme, elle s’est promis de former une génération de femmes dans les domaines techniques de la production audiovisuelle. Depuis, elle fait partie de l’association de la base Media Elle, qui forme les femmes haïtiennes à différents métiers techniques de la production audiovisuelle et les encourage à croire en leur propre potentiel dans ce secteur.

Dans cette vidéo, Dieula montre le travail de Media Elle et ses effets bénéfiques sur les femmes qui participent à ses formations. Ces dernières ne luttent pas seulement contre les stéréotypes et la discrimination dans le secteur audiovisuel, mais sont souvent confrontées à la discrimination et à la violence liées au genre dans leur vie privée. Certaines anciennes participantes utilisent désormais leurs talents pour promouvoir les droits des femmes grâce à des vidéos.

En tant qu’organisation aux ressources très limitées, Media Elle appelle les donateurs à investir davantage dans des organisations gérées par des militants de la base, qui contribuent largement à répondre aux besoins souvent négligés de leurs communautés.

 

  1. Série de vidéos « artivistes »

Auteur : Andrés Quintero, Bogotart (Colombie)

 

Les artistes urbains ont joué un rôle fondamental lors des protestations sociales massives qui ont eu lieu en Colombie entre 2019 et 2021, contribuant à faire de ce mouvement social un symbole sans précédent pour la société colombienne.

Dans le but de saluer l’efficacité remarquable de leur travail en tant qu’artistes et militant(e)s, la plateforme de communication, de culture et de changement social Bogotart a produit une série de vidéos intitulée « Artivistes ». Ces vidéos témoignent de la nature, des idéaux, du parcours et de la vie quotidienne d’artivistes qui ont élevé la voix contre les injustices et le statu quo, et qui s’engagent pour une société plus juste et plus égalitaire, dans laquelle les droits humains et la liberté d’expression sont garantis pour tout un chacun.

La série présente ces cinq artivistes liés au monde de la musique, du graffiti, de la photographie et de l’art urbain : Natu Ral High, DjLu  / Juega Siempre, Alexa Rochi, Gallinas Furiosas et Encuentro Verde Color Café.

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5 choses que les militants à la base veulent que les donateurs et alliés sachent

5 choses que les militants à la base veulent que les donateurs et alliés sachent

Les militants et groupes à la base sont vecteurs de grands changement dans leur communauté et leur pays, mais le soutien dont ils ont besoin pour continuer leur travail est insuffisant. Dans le cadre de la Révolution de la solidarité avec les militants, nous avons interrogé 140 militants à la base qui nous ont fait part des défis auxquels ils sont confrontés lorsqu’il s’agit d’obtenir le soutien de donateurs et d’alliés, et de ce dont ils ont besoin pour se sentir réellement encouragés et soutenus afin de pouvoir poursuivre leur important travail.

Nous résumons ci-après ce que ces organisateurs de 45 pays souhaitent dire aux donateurs et alliés du monde entier pour les aider à comprendre leur réalité ainsi que le type de soutien, de ressources et d’alliés dont ils ont besoin.

1.  La plupart des militants à la base n’ont pas accès aux ressources et aux opportunités que vous proposez.

Près de 78 % des participants à l’enquête ont déclaré avoir sollicité des fonds auprès de donateurs au cours des deux dernières années, mais 66 % d’entre eux n’ont pas reçu de financement. Fait intéressant, la plupart des groupes à la base ont sollicité des donateurs institutionnels[1] qui, selon l’enquête, sont moins susceptibles d’accorder des subventions aux groupes à la base, aux militants et aux mouvements, bien qu’ils soient souvent soumis à un contrôle moins strict.

Cette situation est non seulement démotivante, mais elle montre également que la plupart des militants et des groupes investissent du temps et des ressources, qui leur font déjà défaut, dans une recherche infructueuse de fonds et de soutien. Il est peut-être temps d’investir dans des approches qui libèrent le flux de ressources vers les groupes à la base.

 

Quels sont les principaux obstacles rencontrés par ces groupes dans leur recherche de financement et de ressources ? Voici quelques éléments de réponse : 46 % des participants à l’enquête ont indiqué que le processus de recherche lui-même constituait le principal obstacle. Un total de 19 % d’entre eux ont eu des difficultés à trouver des donateurs qui soutiennent les méthodes de travail « moins traditionnelles » des militants à la base et des communautés, et 15 % ont déclaré que la rédaction de propositions de projet et de financement était leur principal obstacle en matière d’accès aux financements.

Cela signifie que les donateurs et les alliés pourraient faire quelque chose pour éliminer environ 80 % des obstacles mentionnés par ces militants et organisations ! Ils pourraient par exemple rendre les informations sur leurs possibilités de financement et de soutien plus accessibles aux groupes à la base. Ils pourraient également contribuer à renforcer les compétences des décideurs locaux nécessaires pour rédiger ces propositions de financement et ces rapports (trop) exigeants. Et que penser de l’élaboration de stratégies visant à mettre un terme à la culture de la concurrence et à promouvoir une culture de collaboration et de coopération ? Les donateurs et les alliés peuvent jouer un rôle crucial dans la promotion de la coopération en créant des incitations et des récompenses pour les efforts communs et en fournissant des ressources pour soutenir les initiatives de création de partenariats.

[1] Organismes de financement qui accordent des subventions à d’autres organisations, ou parfois à des individus, dans un cadre stratégique qui reflète la mission de l’organisation.

 

2.  L’argent est le plus important, mais des ressources non financières sont également nécessaires.

L’enquête a également demandé quels types de ressources étaient les plus importantes et les plus utiles pour les groupes et organisations à la base. Sans surprise, 67 % des participants à l’enquête ont indiqué que les ressources financières étaient les plus importantes pour eux. Les ressources non financières, telles que le soutien au renforcement des capacités, viennent en deuxième position (10 %). Les participants ont également cité les infrastructures (par exemple les équipements et les espaces de travail), le capital humain et le capital social (mise en réseau) comme des ressources importantes pour leur travail.

Alors, chers donateurs et alliés, essayez de donner la priorité à un soutien financier qui soit plus équitablement et plus facilement accessible aux groupes à la base. Vous pouvez contribuer à ce que davantage d’argent arrive directement entre les mains des communautés et partenaires locaux ! Mais n’oubliez pas que vous pouvez également apporter votre soutien et faire preuve de solidarité en fournissant des ressources non financières, qui elles aussi sont cruciales.

 

3. Le contexte politique freine les militants et les groupes à la base et doit être pris en considération dans vos stratégies et modalités de soutien.

Interrogés sur les principales difficultés qu’ils rencontrent lorsqu’il s’agit de répondre aux exigences des donateurs, 36 % des participants à l’enquête ont cité le contexte politique de leur pays/ville comme le principal défi. Il est évident que les donateurs et les alliés ne peuvent pas ignorer la vague d’instabilité politique qui sévit dans le monde entier, ou du moins ne devraient pas l’ignorer lorsqu’ils conçoivent des programmes de soutien et définissent les exigences à l’égard des bénéficiaires de subventions/partenaires locaux.

Les participants à l’enquête ont indiqué que l’utilisation d’une plateforme fiable et sécurisée pour la gestion des subventions faciliterait également les défis liés à leurs environnements et à leurs contextes restreints.

 

4. Nous ne parlons pas seulement d’argent, nous nous félicitons également de certaines bonnes pratiques !

Même s’il y a encore beaucoup à améliorer, il est encourageant de voir que de nombreux donateurs et alliés adoptent de bonnes pratiques en matière de financement, remettent en question les dynamiques de pouvoir et sont intéressés par le transfert de pouvoir et de ressources aux groupes à la base. Les participants à l’enquête ont fait part des bonnes pratiques qu’ils ont observées chez certains donateurs et qui contribuent à instaurer la confiance et à renforcer les relations, à promouvoir la transparence et à garantir que les communautés bénéficient de ressources plus importantes.

 

5.  Voici comment vous pourriez être un meilleur donateur et un meilleur allié !   

Les participants à l’enquête ont été invités à donner des conseils sur la manière de faciliter l’accès des petits groupes à la base informels aux financements. Ils ont également partagé leur point de vue sur un monde idéal dans lequel les groupes à la base auraient accès aux financements et aux ressources dont ils ont besoin. Leurs réponses sont pragmatiques, réalistes et réalisables… N’hésitez donc pas à les consulter !

Un monde idéal dans lequel les groupes à la base se sentiraient fortement soutenus aurait :

Un financement flexible, prévisible et vecteur de changements

Pour les organisations  à la base, recevoir des fonds peut être une expérience transformatrice qui leur permet de changer les réalités de leurs communautés. L’enquête a révélé qu’elles apprécieraient que les donateurs et les alliés fassent des efforts conscients pour comprendre leurs réalités et leurs défis et pour fournir un financement adapté qui soit flexible et pluriannuel et qui soutienne les activités et les besoins clés (pas seulement les projets).

Cela implique de créer des opportunités et des approches d’évaluation sur mesure pour des groupes de différentes tailles, d’investir dans des stratégies de coopération et de partenariat et de transformer les appels à propositions en un exercice d’apprentissage accessible, inclusif et participatif. Cela signifie également créer des espaces d’échanges honnêtes entre les donateurs, les alliés et les groupes à la base, permettant un retour d’information et une véritable participation qui seront pris en considération dans les stratégies de financement.

Des alliés proactifs qui pensent et travaillent hors des sentiers battus

Les participants à l’enquête encouragent les donateurs et les alliés à plus souvent faire le premier pas vers les communautés à la base et la nouvelle génération de militants et de leaders sociaux. Un participant a déclaré que les donateurs et les alliés devraient « apprendre à nous voir aussi », au lieu que les communautés doivent toujours courir après les donateurs et les alliés avec des propositions et des demandes. Ils conseillent également de s’adresser à des organisations nouvelles et moins traditionnelles, à de nouvelles zones géographiques et à différentes régions, sans oublier les zones rurales, les petites villes, les zones périurbaines et les espaces moins privilégiés.

Des procédures simples et transparentes pour les demandes de subventions et les procédures de soumission des rapports

Les groupes à la base ne s’attendent pas à recevoir des fonds sans devoir se plier à aucune exigence. Par contre, ils imaginent des donateurs plus inclusifs, qui comprennent leur situation et leurs défis particuliers et sont prêts à éliminer les exigences excessives, difficiles et déroutantes au profit de procédures de demande et de gestion de subventions plus transparentes et plus accessibles.

Pour les petits groupes et les organisations aux capacités limitées, des procédures très bureaucratiques peuvent les exclure totalement des possibilités de financement, imposer une charge supplémentaire à leurs équipes et réduire le temps qu’ils peuvent consacrer à un travail de transformation sur le terrain. En créant des procédures de financement plus accessibles, les donateurs et les alliés peuvent également promouvoir une répartition plus équitable des ressources et commencer à éliminer les obstacles systémiques qui empêchent les communautés historiquement opprimées d’accéder aux financements nécessaires au changement.

Des donateurs et des alliés prêts à leur faire confiance et à prendre des risques

Alors que les organisations à la base prennent des risques au quotidien, la plupart des donateurs sont plutôt réticents à prendre des risques. C’est l’une des raisons pour lesquelles beaucoup préfèrent travailler avec des organisations établies et connues, limitant ainsi les possibilités de soutien aux nouveaux groupes, mouvements et formes émergentes d’engagement citoyen.

Les groupes et les acteurs à la base veulent que les donateurs et les alliés leur fassent confiance et investissent dans le développement de leurs compétences, de leur capacité d’action et de leur pouvoir. Cela signifie qu’il ne faut pas négliger le financement des groupes dirigés par des jeunes peu expérimentés et d’organisations ne disposant pas de rapports d’audit, de certificats, etc. Comme l’a dit une personne interrogée, « ce n’est pas parce que nous n’avons pas toute cette paperasse que nous ne sommes pas crédibles ».

Des donateurs qui prennent la peine de discuter avec les organisations à la base et de les accompagner

Les relations entre les militants à la base et les donateurs ne sont pas aussi vectrices de transformations que nous le souhaiterions. Elles restent transactionnelles, linéaires et axées sur la productivité et les résultats. Les donateurs doivent abandonner les notions occidentales d’« impact », qui mettent l’accent sur les contraintes de temps et l’efficacité, et se concentrer plutôt sur les changements positifs, les réparations et les guérisons obtenus dans les communautés grâce à une véritable collaboration.

Cette collaboration requiert des partenariats étroits et des relations de confiance entre les donateurs, les soutiens et les militants et personnes locales. Cela implique également une profonde compréhension mutuelle, une communication honnête et ouverte et un intérêt réel des donateurs et des alliés pour la croissance, le renforcement et le bien-être général des communautés soutenues.

« Il ne s’agit pas seulement d’obtenir ou non des résultats. Comme le dit la communauté, il s’agit des enseignements qui ont été tirés afin d’obtenir ces résultats  ».

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La révolution en action : Galerie mondiale

La révolution en action : Galerie mondiale

Partout dans le monde, des gens s’engagent déjà auprès de la Révolution de la Solidarité avec les Militants ! Plusieurs groupes d’activistes de la base organisent un ou plusieurs dialogues locaux et Jam Sessions dans tous les pays listés sur cette carte.

En quoi consistent ces événements ?

      • Les Jam Sessions sont des réunions virtuelles animées organisées dans le cadre de cette campagne, conçues par et pour les militants afin de nouer des relations, de promouvoir le soin collectif et de co-créer des visions dirigées par la base en matière de ressources et d’organisation.
      • Les dialogues locaux sont des espaces où les militants de la base, les donateurs et les partenaires cultivent des relations significatives et établissent une confiance et une compréhension mutuelle. Pour l’instant, ces dialogues sont organisés par les cinq membres de l’équipe de Grassroots Changemakers qui ont participé à la conception de cette campagne.

Créez-vous des initiatives qui renforcent le lien et la solidarité entre les militants, les donateurs et les organisations alliées au militantisme ? Nous aimerions partager votre histoire et inclure ces efforts sur notre carte d’action. Contactez-nous à grassrootscampaign@civicus.org.

Regardez ce qui se passe dans différents pays

 

Mexique

Dahlia de la Cerda a organisé un dialogue local avec 14 militantes et organisations féministes au Mexique pour discuter de trois questions principales : Quelles sont les difficultés rencontrées pour obtenir une subvention ? Quelles sont les difficultés pour assurer une durabilité après l’obtention d’une subvention ? Comment les donateurs peuvent-ils rendre les ressources plus accessibles ? Lire les conclusions ici : Résultats des dialogues communautaires dans le cadre de la campagne Révolution de la Solidarité avec les Militants.

« Les donateurs imposent des exigences qui sont souvent impossibles à satisfaire pour les petits groupes de base, comme être légalement constitués, avoir un compte bancaire et avoir des subventions antérieures d’énormes sommes d’argent. »

Cliquez ici pour lire le rapport.

 

Philippines

Naro Alonzo et Keri : Caring for Activists ont tenu plusieurs dialogues avec des militants locaux de tout le pays pour discuter de leurs réalités, des difficultés d’accès aux ressources et de la manière d’améliorer les relations avec les donateurs et les organisations habilitantes. Pour partager les points saillants de ces conversations, ils ont produit deux vidéos:

  1. « Une journée dans la vie des militants philippins »: qui tisse ensemble les voix des militants qui ont participé aux dialogues pour décrire les expériences des militants dans ce pays.

2.« Financer la santé mentale et le bien-être des militants » : cette vidéo souligne la nécessité de se soucier davantage de la santé mentale et émotionnelle des militants de base et appelle les donateurs à investir en priorité dans le bien-être des militants.

À la suite de dialogues communautaires, Keri a identifié un besoin de formation parmi les activistes créatifs. Pour les soutenir, l’organisation et son partenaire d’apprentissage Studio Hibang ont organisé un ensemble de sessions de formation privées, à la fois en direct et asynchrones. Ces sessions couvrent des sujets tels que le bien-être mental pour les activistes créatifs, la gestion de projet pour les créatifs, la sémiotique, l’art et le design de protestation, l’éthique des médias, la sécurité numérique et la rédaction persuasive.

Soudan du Sud

Samuel Sabit a convoqué un dialogue local avec 20 militants de différentes organisations de base, formelles et informelles, opérant dans le comté de Yei River, situé le long de la frontière sud du Soudan du Sud et considérablement touché par les conflits et les déplacements. . Découvrez les expériences de ces militants dans ce blog et dans la vidéo ci-dessous.

« Les donateurs exigent des rapports financiers vérifiés, mais n’allouent même pas d’argent pour les audits, certains le font, mais la plupart ne le font pas. Les organisations qui ne sont pas en mesure d’effectuer ces audits ne sont pas prises en charge. Ils ne leur donnent même pas la liberté d’être flexibles dans l’utilisation des ressources. »

 

Zambie

Nawa Villy et plusieurs de ses collègues activistes en Zambie ont organisé une série de conversations sur le contexte dans lequel ils vivent pour accéder aux ressources, ainsi que sur les pratiques de financement que les donateurs devraient changer pour vraiment soutenir l’activisme de base dans leur pays. Découvrez leurs visions et leurs recommandations aux donateurs dans la vidéo suivante dans ce résumé des conclusions du dialogue.

« La situation actuelle du financement ne correspond pas aux besoins, aux domaines d’action et, surtout, à la façon dont nous (activistes, mouvements sociaux et organisations communautaires) faisons notre travail. »

Ils ont également organisé un deuxième dialogue entre les militants et les donateurs, qui a été une excellente occasion de partager la nécessité de transformer leurs relations comme première étape pour trouver de meilleures façons de financer l’activisme de base.

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L’action citoyenne au 21ème siècle : co-créer pour améliorer les relations en matière d’accès aux ressources

L’action citoyenne au 21ème siècle : co-créer pour améliorer les relations en matière d’accès aux ressources

Par Dumiso Gatsha

La première fois que j’ai lu l’histoire de Christina, Dahlia, Naro, Nawa et Samuel, j’ai été enthousiasmé. Issus d’un groupe de plus de 2000 activistes qui se consacrent à rendre le monde meilleur, cette sélection variée, enthousiaste et résolue participe à la co-création d’une campagne visant à repenser la mobilisation de ressources pour la société civile.

Le groupe Grassroots Changemakers est le reflet de la position de nombreux pairs que j’ai rencontrés sur les réseaux sociaux, en marge des mécanismes de plaidoyer ou au sein de diverses formes d’action civique. L’énergie que l’on perçoit lorsque l’on rencontre des gens qui se sacrifient et naviguent dans un monde qui nous refuse constamment une participation, des opportunités ou une dignité égale est incomparable. Dans cet espace collaboratif, nul besoin d’expliquer plus qu’il n’en faut ou de clarifier ce que l’on sait déjà. Cet espace reconnaît et affirme votre vécu, sans se poser de questions sur votre appartenance ou si vous pouvez être vulnérable.

Ce sentiment a été confirmé après les réunions que nous avons eues pour faire le point sur les avancées du groupe Changemakers dans le projet. Discuter de la santé mentale, du bien-être et du soin m’a fait réaliser que servir une communauté, et peut-être le moi de notre propre enfance, peut prendre forme de différentes manières. Aussi, lorsque c’est au service des autres, le surmenage, l’épuisement et la dé-priorisation de soi peuvent être banalisés. Selon mes premières observations, le fait de se décentrer de soi dans l’activisme de base relève des conditions dans lesquelles on est né; conditions normalement difficiles, en raison d’un désavantage lié à l’histoire, et n’ayant jamais pu participer de manière significative à l’éducation, à l’économie, à la société et à d’autres sphères de développement. Je vois maintenant comment cela provient du travail de soin et des coûts de renonciation que les activistes doivent endurer sans ressources ni reconnaissance.

Les relations comme facteurs déterminants de la mobilisation de ressources

Le type de relations que les activistes de base entretiennent avec les bailleurs de fonds est essentiel à la reconnaissance et à l’allocation de ressources en faveur de l’activisme. La façon dont la confiance, l’attention et l’intention se manifestent ou non est la clé pour comprendre les nuances dans les relations. L’hypothèse de la campagne reflète cela : si les relations entre les activistes de base et les donateurs sont permises sans prescription ni limite, il est possible d’obtenir le plus haut degré possible de changement aux niveaux individuel et collectif. L’hypothèse permet de comprendre l’importance de l’existence d’un espace pour la co-création d’une campagne visant à améliorer les pratiques de financement et les relations. Des initiatives similaires ont déjà été couronnées de succès dans le cadre de CIVICUS : offrir un espace de dialogue, mettre en relation les activistes avec d’autres espaces, et recommander des modèles de co-création pour l’obtention de ressources.

La campagne préconise et explore l’amélioration de la qualité des relations comme condition préalable pour réinventer un environnement de ressources équitable pour les activistes de base. La démarche reconnaît jusqu’à présent le rôle que joue la dynamique du pouvoir dans les relations entre les activistes et les bailleurs de fonds. Nous avons appris comment le pouvoir se manifeste dans le langage, l’accès et les processus d’octroi de subventions que les activistes doivent assimiler et maîtriser. Plus on s’éloigne de la compréhension des concepts et du cadre de la terminologie normative des ONG internationales, moins il y a d’opportunités, de confiance et d’exposition à des pratiques équitables de financement.

 

Réfléchir sur une allocation équitable des ressources destinées aux activistes de base

Le pouvoir s’accompagne souvent du privilège d’avoir des options. Par exemple, les bailleurs de fonds peuvent disposer d’une gamme d’outils pour assurer la participation. Que cela soit équitable dépend de l’inclusion ou non des personnes les plus laissées pour compte. Certains activistes ont longuement expliqué à quel point la langue est un obstacle à la participation aux opportunités d’obtention des ressources ou pendant les premières étapes de co-création de notre campagne. Cela indique comment une chose aussi simple que la langue peut priver quelqu’un d’une participation équitable. Il en va de même pour l’accès à Internet, l’éligibilité au financement et d’autres déterminants structurels tels que l’inégalité face à la vaccination et l’héritage colonial. Tous ces facteurs ont un impact sur la manière dont une personne peut appréhender les concepts et aligner les besoins auxquels ils souhaitent répondre sur les opportunités de financement.

Il est essentiel de créer des espaces de conversation, de connexion et de remise en question des différents aspects du paysage de la société civile et des chaînes de valeur du développement. Le fait de se concentrer sur les activistes de base permet non seulement d’élaborer des programmes, des messages ou des ressources tenant compte des traumatismes ; mais aborde également les obstacles invisibles ainsi que les faiblesses du pouvoir en matière d’habilitation. Cette campagne fournit une plate-forme pour tester ce à quoi ressemblent l’autonomie et la capacité d’action dans le contexte de la co-création et de l’activisme au 21ème siècle. Elle fournit intentionnellement ou non des enseignements essentiels – et qui touchent à divers aspects de l’habilitation et de l’attribution de ressources aux activistes.

Un point important à retenir des premières étapes de la campagne

Jusqu’à présent, au cours de notre parcours, les premières étapes co-créatives de la campagne ont révélé comment les activistes sont façonnés pour servir du fait de la résilience ou des situations qu’ils vivent. Ils doivent constamment comprendre ou s’adapter aux actions des autres, à la fois ceux qui dépendent d’eux et/ou même ceux qui les oppriment. Il en va de même dans les relations entre les activistes et les bailleurs de fonds ; dans le cadre desquelles ils font le travail préparatoire, gèrent les attentes et naviguent entre les éléments déclencheurs de préjudices au sein du système social, de la société civile et du système de développement. Les activistes ne se donnent jamais la priorité parce qu’ils doivent faire le travail difficile de se montrer prudents tout en défiant dans la mesure du possible les structures du pouvoir. Plus important encore, cela peut être tout aussi évident dans les espaces sûrs ; ce qui rajoute une couche de complexité à l’accès aux institutions et au plaidoyer. Cette campagne réaffirme la nécessité de mieux comprendre les activistes de base qui sont au centre de l’écosystème du changement. Leur expertise, leurs connaissances et leurs expériences inestimables permettront de tirer des leçons et de comprendre le véritable sens du renforcement de l’action citoyenne au 21ème siècle [durant la pandémie de COVID-19 et au-delà].

Dumiso Gatsha est membre de CIVICUS, parmi les premiers membres du Groupe Consultatif sur la Diversité et l’Inclusion pour le Réseautage et l’Action, ex membre participant au Goalkeeper Youth Action Accelerator et activiste féministe queer panafricaine travaillant dans le domaine des droits humains et du développement durable.

Dans ce blog, Dumi partage ses premières réflexions sur la campagne Révolution solidaire pour l’activisme créée avec une équipe d’activistes inspirés. Dumi collabore avec CIVICUS dans le rôle d’une « amitié critique », soutenant les différentes équipes et autres acteurs clés dans la réflexion, la captation et le partage des apprentissages à mesure que nous avançons. Étant donné la nature hautement expérimentale de cette initiative, il est essentiel d’avoir cette amitié critique pour promouvoir des réflexions significatives et documenter les apprentissages. Le fait de compter une personne activiste de la base dans ce rôle nous aide à garantir que le cadre d’apprentissage et la collecte de données sont basés et alignés sur ce qui a du sens pour les activistes de la base. Tant l’histoire de Dumi que les différentes expériences de cette campagne et ses observations s’avèrent déjà être des ressources précieuses. Ce blog est le premier d’une série de réflexions que Dumi et l’équipe partageront à l’avenir – restez à l’écoute !

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