Série de vidéos: Résilience des militants à l’œuvre

Nous sommes heureux de publier cet ensemble de petits reportages vidéo réalisés par des militants de la base du monde entier. Cinq militamts ont été sélectionné(e)s et soutenu(e)s pour créer des vidéos sur la situation à laquelle ils ou elles doivent faire face dans leur région, sur leurs sources d’inspiration et les idéaux qui les poussent à faire leur travail courageux, sur les risques et les stigmates auxquels ils doivent constamment faire face et sur les défis qu’ils rencontrent lorsqu’il s’agit d’accéder à des financements en vue de servir leurs communautés et d’assurer leur propre bien-être.

Les histoires de ces militant(e)s représentent et renforcent les voix et les visions des militant(e)s de la base à leur façon. Elles sont authentiques et créatives et donnent un aperçu de la vie des militant(e)s et de la situation fragile dans laquelle ils ou elles se trouvent.

Les militant(e)s dont vous allez découvrir l’histoire souhaitent avant tout sensibiliser la communauté internationale des donateurs et alliés de la société civile au pouvoir, à l’influence et à la résilience des militant(e)s et groupes de la base. Les militants de la base sont à l’origine de changements décisifs et les effets bénéfiques de leur travail doivent être plus visibles et plus reconnus ! En même temps, ces militant(e)s souhaitent attirer l’attention sur les épreuves qu’ils ou elles traversent, sur la nécessité d’améliorer la quantité et la qualité des fonds qui leur sont destinés et de développer une solidarité et des partenariats authentiques, exempts de la dynamique transactionnelle, colonialiste, raciste, paralysante et déshumanisante qui domine le système d’aide actuel.

 

  1. L’art des tribus « criminelles »

Auteur : Keyur Bajrange, théâtre de Budhan (Inde)

 

« J’avais 18 ans. Vers minuit, j’ai entendu des bruits à l’extérieur de chez moi. La police battait des centaines d’innocents dans ma communauté, y compris des femmes et des enfants. Nous étions terrifiés. Je ne comprenais pas ce qui se passait. Mon père a essayé d’appeler quelqu’un. Vers 5h30, les bruits extérieurs ont cessé. Mon père et l’un de ses proches collaborateurs ont déposé plainte contre la police pour nous avoir battus, lynchés et maltraités alors que nous n’avions commis aucun crime. Notre seul « crime » était celui d’appartenir à la communauté Chhara qui, avec 198 autres communautés en Inde, était l’une des tribus considérée comme des « criminels nés » par le gouvernement britannique au titre de la loi sur les tribus criminelles (Criminal Tribes Act 1871) », se souvient Keyur Bajrange, producteur audiovisuel et membre du théâtre Budhan.

Cette loi a été abrogée en 1949 et les communautés ne sont plus répertoriées comme « criminelles », mais elles sont toujours stigmatisées par la société. Keyur a créé cette vidéo pour sensibiliser à cette stigmatisation et faire prendre conscience des retombées très positives du théâtre Budhan, une troupe de théâtre communautaire fondée par son père et d’autres membres de leur tribu. Les membres du théâtre Budhan se considèrent comme des « artistes nés » et utilisent le pouvoir du 6ème art pour s’attaquer aux récits toxiques qui discréditent les communautés dites « non répertoriées » dans tout le pays, et pour leur permettre d’élever leur voix avec assurance contre l’injustice et de revendiquer leurs droits humains et constitutionnels.

 

  1. À quoi ressemble la vie des militants au Nigeria ?

Auteure : Priye Diri, Dorothy Njemanze Foundation (Nigeria)

 

Au Nigeria, une femme sur trois est victime de violences sexuelles et sexistes avant l’âge de 18 ans.  Malgré cette sombre réalité, la réponse du gouvernement à cette crise est souvent insuffisante. Les défenseurs des droits humains soutiennent les victimes 24 heures sur 24, répondent aux appels d’urgence, aident les survivant(e)s et coordonnent les soins médicaux, les poursuites judiciaires, l’aide juridique et d’autres ressources. Leur travail est essentiel pour faire une différence dans la vie de ces victimes, mais à quel prix ?

Dans cette vidéo, Priye Diri, défenseure des droits humains et secouriste, dresse le portrait de cinq militant(e)s (dont elle-même) qui témoignent de leur travail. Leurs témoignages montrent que les premiers secours effectuent de nombreuses heures de travail non rémunérées, qu’ils sont discriminés et stigmatisés en raison de leur genre, de leur handicap ou de leur identité sociale et qu’ils manquent de financement et de soutien adéquats pour leur travail. Ils sont considérés comme des messies censés intervenir et sauver le monde, mais ne sont pas pour autant appréciés à leur juste valeur, reconnus ou soutenus.  Ils sont donc vulnérables et exposés à des traumatismes secondaires et souffrent de répercussions émotionnelles et psychologiques. Les organisations pour lesquelles ils sont engagés doivent souvent fermer temporairement, faute de financement.

Priye appelle les donateurs à accorder des financements susceptibles de couvrir les besoins en matière de bien-être des premiers secours et à reconnaître leur travail inestimable, tout en facilitant l’accès au financement pour les organisations de la base et les personnes en situation de handicap.

 

  1. Nous devons obtenir plus de financement

Auteur : Juan Donoso, Formando Rutas (Chili)

 

Faites connaissance avec Ranita del Loa, une grenouille attachante militante, qui se distingue par son courage et sa persévérance et s’efforce de protéger l’écosystème autour de la rivière Loa dans le désert d’Atacama au Chili des dangers de l’exploitation irresponsable des ressources minières. Ranita doit se battre non seulement contre les grands groupes miniers, mais aussi contre la dynamique du pouvoir et la censure du donateur qui leur a octroyé des fonds pour produire un documentaire.

Si vous êtes militant(e), cette situation peut vous paraître familière !

Cette animation a été réalisée par Formando Rutas, un projet éducatif géré localement sur l’exploitation du lithium dans le désert d’Atacama. L’idée de cette animation leur est venue grâce à leur propre vécu avec certaines institutions philanthropiques qui soutenaient financièrement leurs productions audiovisuelles. Il leur a été demandé à plusieurs reprises de supprimer ou de reformuler certaines phrases parce que le scénario était considéré comme trop radical ou parce que les donateurs préféraient ne pas être associés à des accusations directes contre de grandes multinationales. Certains donateurs leur ont également demandé de ne pas utiliser certaines expressions, telles que « racisme structurel », « oppressions fondées sur le genre », « extractivisme vert » ou même « décolonisation » (eh oui, ce n’est pas une plaisanterie !).

Formando Rutas tient à souligner que les militants de la base font souvent l’objet de censure, voire d’autocensure, pour établir des relations avec les bailleurs de fonds, ce qui leur fait perdre leur liberté artistique et bloque leur imagination. Ils nous invitent à nous demander si accepter des subventions dans de telles conditions relève du politiquement correct, d’une inclination devant le pouvoir établi, de la prudence, de la peur, de la lâcheté, du besoin d’argent ou de tous ces éléments à la fois ?

 

  1. Sensibiliser grâce à l’audiovisuel

Auteure : Dieula Jean Louis, Media Elle (Haïti)

 

Au cours de sa première année d’études au Ciné Institute en 2014, Dieula Jean Louis a constaté que les femmes n’étaient pas prises au sérieux dans le domaine de l’audiovisuel.  Lorsqu’elle a eu pour la première fois l’occasion de produire un court métrage audiovisuel pour un client, Dieula s’est rendue compte que même les réalisatrices préféraient les étudiants aux étudiantes pour la direction photo, le montage, la production, la réalisation et d’autres tâches. Lorsqu’elle était sur le point de recevoir son diplôme, elle s’est promis de former une génération de femmes dans les domaines techniques de la production audiovisuelle. Depuis, elle fait partie de l’association de la base Media Elle, qui forme les femmes haïtiennes à différents métiers techniques de la production audiovisuelle et les encourage à croire en leur propre potentiel dans ce secteur.

Dans cette vidéo, Dieula montre le travail de Media Elle et ses effets bénéfiques sur les femmes qui participent à ses formations. Ces dernières ne luttent pas seulement contre les stéréotypes et la discrimination dans le secteur audiovisuel, mais sont souvent confrontées à la discrimination et à la violence liées au genre dans leur vie privée. Certaines anciennes participantes utilisent désormais leurs talents pour promouvoir les droits des femmes grâce à des vidéos.

En tant qu’organisation aux ressources très limitées, Media Elle appelle les donateurs à investir davantage dans des organisations gérées par des militants de la base, qui contribuent largement à répondre aux besoins souvent négligés de leurs communautés.

 

  1. Série de vidéos « artivistes »

Auteur : Andrés Quintero, Bogotart (Colombie)

 

Les artistes urbains ont joué un rôle fondamental lors des protestations sociales massives qui ont eu lieu en Colombie entre 2019 et 2021, contribuant à faire de ce mouvement social un symbole sans précédent pour la société colombienne.

Dans le but de saluer l’efficacité remarquable de leur travail en tant qu’artistes et militant(e)s, la plateforme de communication, de culture et de changement social Bogotart a produit une série de vidéos intitulée « Artivistes ». Ces vidéos témoignent de la nature, des idéaux, du parcours et de la vie quotidienne d’artivistes qui ont élevé la voix contre les injustices et le statu quo, et qui s’engagent pour une société plus juste et plus égalitaire, dans laquelle les droits humains et la liberté d’expression sont garantis pour tout un chacun.

La série présente ces cinq artivistes liés au monde de la musique, du graffiti, de la photographie et de l’art urbain : Natu Ral High, DjLu  / Juega Siempre, Alexa Rochi, Gallinas Furiosas et Encuentro Verde Color Café.